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les derniers bretons.

La paysanne ne répondit rien. Elle resta droite et impassible, comme si elle n’avait pas entendu. Elle mentait pourtant, car les bleus étaient à Auray.

Le marin recommença ses questions : elle y répondit de manière à lui faire croire qu’il était abandonné et sans espoir de secours. Blessé la veille, lorsqu’il tiraillait contre les chouans vers la fin du jour, le malheureux avait passé la nuit dans les roseaux du marais sans pouvoir faire un mouvement, et torturé par d’atroces souffrances. Il avait espéré que le jour lui permettrait de faire connaître sa situation à ses compagnons ; mais la nouvelle de leur départ le jeta dans le désespoir. La force lui manquait pour quitter le lieu où il se trouvait ; et, lors même qu’il l’aurait eue, il eût craint, en se montrant,