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les derniers bretons.

vrage primitif avait été défiguré. Du reste, il en est ainsi de presque toutes les poésies que chantent nos Bretons. Ils n’en savent le plus souvent que des fragmens altérés, qu’ils psalmodient, comme les gondoliers des Lagunes le font des strophes du Tasse, en substituant fréquemment leurs propres inspirations à celles de l’auteur.

Quant au nombre des poèmes populaires de la Bretagne, nul ne saurait le dire. On resterait au-dessous de la réalité en le portant à huit ou dix mille. J’ai parcouru le Finistère en tous sens, j’ai écouté ses pâtres, ses mendians, ses fileuses, et, presque chaque fois, c’était un nouveau chant que j’entendais. Aussi nulle parole ne peut dire quelle enivrante sensation éprouve celui qui comprend notre vieux langage, lorsque, par un beau soir d’été, il traverse les monta-