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les derniers bretons.

d’un grand rigorisme à cet égard. Les licences qu’ils prennent pour les rimes et même pour la mesure, sont d’autant plus facilement pardonnées, qu’ils s’adressent à un public peu lettré. Eux-mêmes sont d’ailleurs des hommes simples et ignorans, qui chantent comme les fauvettes, sans règle, sans travail, sans méthode. Ce sont, ou de jeunes cloarecs[1] tristes d’amour, ou des maîtres d’école de village, ou des clercs de campagne, ou même de pauvres manœuvriers vivant de leurs bras et suant leur pain de chaque jour. Souvent ils donnent dans la dernière strophe de leur poème leur nom, leur profession, et des détails sur leur famille. Cette dernière strophe est pour le poète breton ce qu’est pour nous la pré-

  1. C’est le nom que l’on donne aux jeunes gens qui se destinent à la prêtrise.