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la bretagne et les bretons.

meur du travail de la nature, à laquelle on ne peut donner de nom ni de cause, et que l’on prendrait pour l’entretien insaisissable des génies, des nuages, de la terre et des eaux.

Mais vers le matin, si le vent s’élève, si une bouffée plus forte traverse la lande, prêtez l’oreille, et vous l’entendrez passer avec un sifflement harmonieusement sauvage à travers cette forêt de peulvans, comme à travers les cordes d’une harpe éolienne. La rafale s’élance alors folle, effrénée, se heurtant à chacune de ces pierres inégales, et les froissant avec mille retentissemens divers et bizarres. Ce n’est qu’à l’apparition du jour que tout prestige disparaît, et que Carnac se montre dans sa réalité colossale. Alors le saisissement fait place à l’admiration. Les onze lignes de pierres