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les derniers bretons.

comme il arrive dans la plupart des agonies, la tête avait été frappée la première, et le principe de la vie s’était réfugié vers le cœur. Le peuple était encore breton ; il avait conservé sa foi, ses mœurs et son langage. Aussi le xvie siècle présenta-t-il dans notre province un spectacle étrange et digne d’être étudié. En même temps que les hautes classes se faisaient françaises, par une réaction singulière, les masses tendaient à se nationaliser plus que jamais. On eût dit qu’au moment où les gens à cuirasse renonçaient à leur drapeau séparé, les hommes de travail et d’industrie voulaient en élever un nouveau qui différenciât le pays de tout autre. Ainsi, tandis que l’individualité politique et guerrière de la Bretagne se perdait, le peuple travaillait à lui redonner une individualité artistique et littéraire. Le mouvement qui s’effectua alors fut immense. La