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les derniers bretons.

souffrance morale que devant la fatigue ou le danger. Tandis que l’homme des villes esquive ses regrets, fraude ses larmes au sort, et fuit tout ce qui peut meurtrir son cœur brisé, le paysan breton, lui, se place franchement devant sa douleur ; il la reçoit lui-même sans chercher à la faire congédier par office de valet ; il la regarde en face et long-temps. Fermez vos portes pour ne point entendre le tumulte du convoi, faites taire la voix des prêtres ; lui, il ne quittera point la chambre où dort le cadavre : il verra allumer les cierges, coudre le suaire, clouer la châsse, et quand les fossoyeurs viendront, il se lèvera pour les suivre ; il ira, les cheveux épars, à la suite du corps ; il entendra la terre tomber lentement sur le cercueil, et ne se retirera que lorsque tout sera terminé ; lorsque le prêtre aura dit : La paix soit avec vous ! Il n’y a