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les derniers bretons.

lement. Pour l’étranger qui traverse les grandes routes et descend aux hôtels de nos villes, la Bretagne n’a rien qui la distingue beaucoup d’un autre pays. Des chemins mal entretenus, des mendians qui chantent au bord des routes, des villes sales, des marchés populeux, et parfois, au milieu de la foule, un carcan auquel est soudé un homme qui a honte et qui pleure ; rien de tout cela n’est bien neuf. C’est comme ailleurs, c’est comme partout. Dans son vaste mouvement de va et vient, la civilisation a fait trop de fois circuler ses agens sur les lignes qui traversent notre province en tous sens, pour n’avoir pas usé, par un long frottement, l’empreinte originaire des hommes et des lieux. Ce n’est qu’en s’écartant des routes fréquentées, en se lançant à pied à travers nos chemins creux, en traversant de pierre en pierre les cascades de nos ruisseaux sans