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la bretagne et les bretons.

désir un obstacle invincible vienne s’élever devant notre avenir ; qu’à l’âge où toutes les femmes sont belles à nos yeux, nous venions à penser que nulle femme ne s’appuiera jamais sur notre poitrine ! Qui ne comprend tout ce que la certitude de cet isolement éternel remuera en nous d’amertume ?… Oh ! alors, pour peu qu’il y ait quelque fougue dans notre imagination, quelque fluidité dans nos pensées, la plainte s’élancera de notre cœur pleine d’éloquence et de vérité, et nous deviendrons poètes, comme les mères deviennent chanteuses, pour bercer des douleurs dans leurs chants !

Or, ce que nous venons de dire, c’est l’histoire du cloarec. Il ne faut point chercher ailleurs ses dispositions élégiaques et son aptitude pour la poésie. Ce qui précède explique aussi comment le pays de Tréguier,