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la bretagne et les bretons.

est devenu semblable à l’homme des villes, élevé sous verrines, et que tuerait une gelée blanche. Mais en même temps aussi, par compensation, son intelligence s’est développée ; elle a acquis des forces ; elle s’est assouplie dans l’exercice de la pensée ; son imagination enrichie a pris feu et a commencé à jeter des lueurs sur son cœur, dont il comprend mieux les mouvemens et dont il analyse les désirs. La vie matérielle a cessé d’être tout pour lui ; son corps s’est amoindri, allégé, et son âme paraît à travers. Alors toutes les maladies de l’homme civilisé l’attaquent à la fois. Alors arrivent les douleurs vagues, le vide, ces tristesses sans nom et sans remède qui viennent on ne sait d’où, et font souhaiter la mort, on ne sait pourquoi. Les émotions, les désirs, les rêves trop pressés dans son cœur, y forment abcès tout-à-coup et font courir la fièvre dans toutes ses