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les derniers bretons.

si parfumée, si pleine de réminiscences confuses et de bruits endormeurs, bourdonne autour de lui ; lorsque entre ses yeux et le triste livre de classe, passe un oiseau dont il sait le nom, un papillon qu’il a autrefois poursuivi, une abeille qui regagne peut-être les ruches de son père ! Quel moyen de poursuivre, à travers tant de ravissans allèchemens, le cours monotone d’une conjugaison latine ? Comment entendre la cloche au milieu de ces mille harmonies ? Aussi, bien souvent le cloarec succombe ; il ramasse dans sa large poche ses cahiers, ses livres, et avec eux tout souci de l’avenir ; il bondit à travers les champs, les taillis, les prairies, cherchant les nids dans les feuilles, cueillant les noisettes ou les mûres au milieu des haies vives, et chantant à plein chœur quelque guerz appris aux veillées. Parfois la voix lointaine d’une jeune fille qui garde ses moutons lui répond, et le