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la bretagne et les bretons.

couronne d’épines au front et sa croix sur les deux épaules.

En hiver, je l’ai déjà dit, le dortoir que le cloarec habite avec ses compagnons, lui sert de cabinet d’étude ; mais dès que les premiers bourgeons sont venus aux haies, et que le pinson chante dans les aubépines, il abandonne sa mansarde pour les champs. Il vient s’asseoir entre deux sillons, dont l’un lui sert de table pour étudier ses leçons et écrire ses devoirs. Heureux, il a retrouvé l’air de sa campagne natale et un souvenir de ses douces fainéantises d’enfant, alors que, vêtu de haillons et les pieds nus, il gardait dans les landes les vaches de son père, en tressant de beaux chapeaux pointus avec les joncs des marais. Qui peut dire l’enchantement que doit éprouver le pauvre écolier de dix-huit ans, quand cette nature