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les derniers bretons.

a eu huit enfans, et qu’elle en a donné cinq à Dieu ; que son plus jeune frère pique les bœufs depuis le mois de la paille blanche[1], tandis que l’aîné est allé sur la mer du bon Dieu dans un vaisseau du roi. Après avoir reçu tous ces détails, partez en jetant une aumône à la petite ; elle portera la main à la bouche, comme pour vous envoyer le baiser chrétien, et elle vous jettera le remerciement vulgaire et touchant : Bénédiction de Dieu à vous[2].

Maintenant, comparez, si vous le voulez. votre français limé, géométrique, tiré à quatre épingles, à cette naïveté remuante. Il n’y a que les langues des peuples primitifs pour être vives et figurées. C’est que les

  1. On remet l’aiguillon aux mains de l’enfant quand il a atteint sa douzième année.
  2. Benas doue derc’h.