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les derniers bretons.

Les premiers apôtres de l’Armorique, pour rendre la conversion plus générale, conservèrent sans doute une partie des rites populaires, en leur donnant seulement un nouveau patronage et une autre intention. La foule, qui ne s’attache qu’au dehors et se laisse prendre par les sens, changea plus aisément de croyances qu’elle n’eût fait d’habitudes, et on lui baptisa ses idoles pour qu’elle pût continuer à les adorer. Ce fut ainsi que, ne pouvant pas déraciner les menhirs, on les fit chrétiens en les surmontant d’une croix ; ainsi que l’on substitua les feux de Saint-Jean à ceux qui s’allumaient en l’honneur du soleil. Mais le peuple alla plus loin : ses passions lui étaient restées ; et bien que la nouvelle foi, toute de pureté et d’amour, ne leur offrit aucun patronage, il voulut conserver un culte pour elles. La divinisation de ses mauvais penchans est une hypocrisie natu-