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les derniers bretons.

en un patois qui rappelle singulièrement le français de Montaigne. Le costume aussi y est moins varié, moins original, que dans le Léonais et la Cornouaille. On a pu voir, dans ce que nous avons dit, que la foi elle-même y était affaiblie ; les superstitions seules, ces premières et dernières fleurs que pousse une religion, ont survécu jusqu’à présent à tous les changemens. Elles sont en grande partie les mêmes que dans le reste de la Bretagne, et nous les avons indiquées ailleurs. Cependant il en est quelques unes particulières aux Trégorrois : tel est l’usage religieux suivi par eux lorsqu’ils recherchent le corps d’un noyé. Dans ce cas, toute la famille s’assemble en deuil ; un pain noir est apporté ; on y fixe un cierge allumé, et on l’abandonne aux vagues. Le doigt de Dieu conduira le pain au lieu même où gît le cadavre du mort ; et sa famille, ainsi avertie,