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la bretagne et les bretons.

nit par épouser une princesse, après avoir joué quelque mauvais tour au diable. Car le diable est la victime obligée, c’est l’Orgon du fabliau bas-breton ; dans le genre plaisant comme dans le genre terrible, sa figure est celle qui domine tout : elle est le pivot du drame. Le diable est de toute éternité, chez nous, le personnage effrayant ou le personnage risible, comme le mari en France ! C’est même une assez curieuse étude que celle de cette vieille haine qui prend tour à tour la forme de la malédiction ou celle de la raillerie, mais qui toujours exprime une même horreur pour le symbole du mal. Lorsque les sociétés civilisées sont arrivées à ne se moquer que de l’inusité des formes, de l’extérieur, de tout ce qui se désigne sous le nom de ridicules, il est curieux de voir un peuple encore assez naïf pour trouver le mal risible, par cela