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les derniers bretons.

beaucoup à ce que les aspérités primitives de son caractère armoricain ont été longtemps laminées entre un clergé poli et une noblesse parlementaire. Quoi qu’il en soit, elle a porté son fruit, et a préparé le pays à suivre le mouvement général de la France. Aussi y sent-on partout une sorte de prédisposition à la fusion du vieux siècle avec le nouveau. C’est une contrée que l’épidémie de la civilisation va prendre au premier jour ; les symptômes s’en annoncent par avance. Sans que l’on puisse dire précisément que les croyances y sont ébranlées, quelques esprits s’y laissent déjà aller à une liberté de camaraderie envers les choses saintes. Ils n’en sont point arrivés à l’examen ni à la raillerie ; mais ils osent déjà faire les plaisans avec la religion. Le bon Dieu est bien toujours leur bon ami, mais ce n’est plus un seigneur redouté ; ils prennent avec lui les