Page:Souvestre - Les Derniers Bretons (tome 1), 1836.djvu/291

Cette page a été validée par deux contributeurs.
239
la bretagne et les bretons.

Hâtons-nous de le dire, ces faits sont rares, et il ne faudrait pas juger, d’après celui que nous venons de citer, le caractère du Trégorrois. Une poétique douceur de : cloître y domine, et c’est à peine si quelque chose de la fruste empreinte des vieux Celtes y est resté. Non que le ressort manque à ces hommes ; peut-être y a-t-il au contraire en eux une élasticité particulière qui les rend plus impressionnables que tenaces. Leurs âmes, faciles et désarticulées, se plient à toutes les situations sans trop de souffrance ; c’est un ressort de montre susceptible de s’étendre, mais auquel suffisent trois lignes d’espace. Véritable Allemand de la Basse-Bretagne, le Trégorrois est aisément content ; tant qu’il a place nette entre son cœur et son cerveau, et qu’il peut renvoyer librement la pensée de l’un à l’autre, il trouve l’existence bonne. Cette sociabilité tient