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les derniers bretons.

éternelle la rendait folle. Enfin, effarée, hésitant encore, un couteau d’une main, elle vint poser l’autre sur le sein du cadavre… Elle crut sentir l’enfant qui s’agitait !… Ce mouvement la frappa comme une commotion électrique ; une sorte d’égarement furieux, né de la crainte, s’empare d’elle : elle prend le couteau à deux mains, l’appuie sur le ventre de la morte, l’enfonce, et, plongeant le bras à travers les entrailles, elle retire l’enfant tout sanglant, prononce les paroles du baptême, et tombe sur la terre sans mouvement.

Le lendemain, elle était en proie au délire, et elle croyait voir au milieu des convulsions de l’agonie la jeune mère se relever, le ventre ouvert, retenant ses entrailles avec sa main, et redemandant son enfant ! Elle mourut le troisième jour.