Page:Souvestre - Les Derniers Bretons (tome 1), 1836.djvu/286

Cette page a été validée par deux contributeurs.
234
les derniers bretons.

froid en apparence, il faut qu’il reçoive avec calme les marques de respect dont on l’entoure, qu’il refoule dans son cœur les souvenirs, dans ses yeux les larmes ; qu’il songe que ses mains sont jointes maintenant par une prière éternelle, et ne peuvent plus s’étendre vers les embrassemens ; que toutes les affections ont dû tomber de son âme le même jour que ses longs cheveux de jeune homme sont tombés de sa tête tonsurée, et que les bras de sa mère elle-même se sont fermés pour lui, comme pour un enfant mort. Bientôt, quand il quittera la famille qu’il est venu visiter, la même gêne cérémonieuse présidera aux adieux ; et si, le cœur plein, il veut tendre les bras vers ces parens qu’il abandonne, il verra les fronts s’abaisser comme pour recevoir une bénédiction, et nulle main ne s’avancera pour saisir la sienne !