Page:Souvestre - Les Derniers Bretons (tome 1), 1836.djvu/282

Cette page a été validée par deux contributeurs.
230
les derniers bretons.

fois qu’ils passent entre ces maisons silencieuses et noires, devant la grande rosace du chœur illuminé, et sous l’étang qui gronde ; car tout a conservé l’empreinte du grand désastre : la ville a gardé le deuil.

Nous avons parlé de l’aspect particulier à chacune des villes des Côtes-du-Nord ; mais à travers ces nuances physionomiques, toutes conservent encore un air commun de bourgeoise routine ; toutes ont gardé les usages d’avant la révolution, à bien peu de changemens près. Là ont survécu les quatre repas classiques et les estomacs capables de les digérer ; les jeux de boule, l’été, sous les charmilles ; en hiver, la partie de piquet à deux sous. Là, les soirées finissent encore à neuf heures, on se marie à pied, et l’on sert des tartines de beurre aux grands bals. Bonne et facile vie qui court doucement dans l’ornière