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la bretagne et les bretons.

parvenir jusqu’à la place ; la vallée entière était un fleuve immense dont le courant emportait pêle-mêle les toitures brisées, les berceaux d’enfans et les cadavres de femmes encore parées. Ce ne fut que le second jour qu’il put pénétrer jusqu’à la demeure de la jeune fille. Il la trouva noyée, tenant la main de son danseur. Une rose qu’il lui avait donnée pour le bal était encore à sa ceinture.

Ce jeune homme était mon père, alors conducteur des travaux publics, au service des États de Bretagne.

C’est depuis ce jour que cette ville est restée muette et close comme une tortue dans sa coquille ; c’est depuis ce jour qu’une lampe brûle toute la nuit dans l’église en l’honneur des morts. Et ceux qui savent cette histoire sont forcés d’y penser chaque