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les derniers bretons.

Le jour commençait à tomber : à l’horizon, Brehat, entouré de ses mille rochers et de ses deux cents voiles, flottait entre la brume et l’Océan, semblable à une île de nuages. Les cloches des chapelles et des paroisses tintaient l’Angelus, les conques des bergers se répondaient du haut des collines, les merles sifflaient dans les sureaux, l’alouette descendait des cieux avec son cri joyeux !… Et ces mille bruits du soir se confondaient dans une inexprimable harmonie ; la campagne entière résonnait comme une orgue fantastique. Je nageais dans un air tout embaumé d’une douce odeur de lait et de fleurs. Le soleil couchant jaillissait en rayons pourprés à travers les dentelures du cloître ; le vent soupirait dans les ruines, et, au loin, sur la route, un vieux prêtre s’en allait péniblement son bréviaire à la main.