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les derniers bretons.

Les flots eux-mêmes, comme s’ils eussent éprouvé cette influence contagieuse de la civilisation, semblaient se briser plus mollement contre les grèves. À vue de terre, s’élevaient gracieusement des îles tapissées d’herbes marines en fleurs, au milieu desquelles je voyais courir les lapins noirs, et où j’entendais le cri des perroquets de mer qui viennent des extrémités du monde pour déposer leurs nids dans ces asiles. Sur quelques récifs se dressaient des balises noires et blanches, à moitié arrachées par les flots, et, au milieu de ce panorama magique, les voiles latines des barques de pêcheurs glissaient sur l’onde berceuse, les sloops caboteurs doublaient les pointes éloignées, et une frégate balancée sur ses ancres, à l’ombre d’une des îles, roulait languissamment a la lame, tandis que les mouettes, les goëlands et les mauves effarées tourbillonnaient