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les derniers bretons.

faisait voir de plus près sa longue dentelle d’écume neigeuse ; je commençais à craindre qu’elle ne nous entourât. J’avais entendu raconter, dans mon enfance, de ces histoires de voyageurs surpris par les flots de la grève de Saint-Michel, et sentant la mort leur monter, pouce à pouce, de la cheville jusqu’à la gorge. Je témoignai mes craintes à mon compagnon.

— Il n’y a pas de danger, me dit-il en étendant la main vers le milieu de la grève : la croix nous voit !

Et en effet, une croix de granit s’élevait là, et les flots commençaient à peine à l’effleurer à sa base. J’appris qu’aussi long-temps que cette croix apparaissait, la fuite était encore facile, et que l’espoir ne mourait — qu’au moment où son sommet s’était en-