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les derniers bretons.

confus des grèves, au sein desquelles bourdonne un monde d’insectes invisibles. Mon cheval, comme tous ceux de sa race, s’était ranimé à l’air salin du rivage ; il tournait sa tête vers les flots, les narines ouvertes, et humait la brise marine. Je lui abandonnai la bride, et il s’élança de toute sa vitesse à travers l’espace ; ses pieds, en frappant le sable humide, ne produisaient aucun bruit, et son galop était si doux, que je ne sentais aucun de ses mouvemens. Avec une nuit sombre, la lune à ma droite, et le grondement de la mer à ma gauche, j’aurais pu, sans avoir la tête trop allemande, me croire emporté, comme Lénore, sur quelque coursier fantastique à travers des espaces inconnus ; mais l’hallucination était impossible en plein jour et sous un ciel aussi joyeux. Je dus me contenter de la réalité qui m’était offerte.