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les derniers bretons.

poutre garnie d’anneaux à laquelle le seigneur rivait ses prisonniers ; j’avais écouté à la porte de fer du double souterrain le mugissement sourd du vent sous les voûtes, et mon guide m’avait dit que c’étaient les âmes des faux monnayeurs qui revenaient travailler à la tombée du jour. J’avais dormi à Beaumanoir, où les enfans m’avaient raconté l’histoire de Fontenelle-le-Ligueur, qui éventrait les jeunes filles pour chauffer ses pieds dans leur sang ; à Carrec, on m’avait montré le puits mystérieux où un duc de Bretagne avait caché le berceau d’or de son fils ; j’étais entré au château de la Roche, et j’avais cherché la place où le seigneur de Rhé trouva le bon connétable Duguesclin, dépeçant un verrat et faisant portions pour les voisins ; la veille enfin, j’avais long-temps contemplé cette étrange construction d’un âge inconnu qui s’élève sur la