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la bretagne et les bretons.

toutes les croyances ! comme si le temps, en emportant pêle-mêle, dans un coin de sa tunique, les monumens du passé, eût laissé tomber là ces débris et les eût perdus dans l’herbe des vallées.

Déjà depuis huit jours je parcourais les Côtes-du-Nord, et j’avais toujours marché au milieu des souvenirs d’un autre âge. Le pays s’était déroulé devant moi comme un immense médailler, conservant une empreinte de chaque siècle.

J’avais parcouru les voies romaines à demi effacées sous un macadamisage communal ; je m’étais reposé au pied des menhirs gaulois, surmontés de la croix chrétienne ; j’avais vu le vieux château de Kertaouarn, avec ses meurtrières encore béantes, sa basse-fosse humide que traverse l’immense