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la bretagne et les bretons.

E bad è beva hirio (il fait bon vivre aujourd’hui) me dit-il en souriant et portant la main à son chapeau, avec une négligence amicale.

Cette expression poétique me frappa : c’était pour moi toute une révélation. Elle m’apprenait que j’avais quitté la Cornouaille, et que j’étais au pays de Tréguier.

Et en effet, tout m’avertissait que j’avais changé de contrée : l’air moins brumeux, la campagne plus douce à l’œil ; mélancolique encore, mais non sauvage. Ce n’était plus le vent amer et farouche qui sort des baies du Finistère et bondit à travers les montagnes Noires ; l’atmosphère était ici plus clémente ; les vertes vallées s’étendaient au loin, diaprées de violettes blanches et de primevères jaunes, appelées fleurs de lait