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les derniers bretons.

« Les mauvais esprits verront que ce n’est pas un heureux, » dit la femme kernewote, « et ils ne lui jetteront pas un mauvais sort ! »

J’entrai un jour dans une chapelle de la paroisse des Deux-Meurtres (Daoulas). Une jeune femme était agenouillée devant une statue de Marie et semblait prier avec ferveur. Tout-à-coup je la vis se lever, tenant à la main un de ces petits bonnets de soie semés de paillettes et bordés de dentelles d’argent, en usage dans nos campagnes pour les nouveau-nés. Elle alla le déposer sur la tête de l’enfant Jésus que la Vierge tenait entre ses bras, et sortit en pleurant.

— Qu’est-ce que cela ? demandai-je au paysan qui m’accompagnait.

— C’est une mère qui a perdu son fils,