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les derniers bretons.

par un amen prolongé. La danse se forme ensuite dans l’aire, devant la métairie.

Et c’est une danse à voir, une danse chancelante, furieuse, entremêlée de rugissemens de joie et de hoquets d’ivrognes ; une danse en rond dans laquelle on voit passer les visages de femmes chauds de vin et de plaisir, les têtes d’hommes flottantes d’ivresse ; et ce grand cercle mouvant, palpitant, hurlant, tourne, tourne sans cesse, comme un amas de feuilles d’automne emportées par un tourbillon. Nulle mollesse dans les pas, nulle élégance dans les poses, rien de cette grâce voluptueuse de nos salons, de ces attitudes agaçantes de nos jeunes couples, passant dans une atmosphère de parfum, les haleines mêlées et les bras enlacés ; mais la danse nerveuse et gaillarde, qui