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les derniers bretons.

ici, je ne suis plus qu’une servante, jeunes filles, car je suis mariée ! — Adieu, mes compagnes, adieu pour jamais ! »

Rien ne saurait rendre l’effet que produit ce chant si simple et si touchant. Ici ce n’est plus seulement, comme pour la chanson du marié, une triste préoccupation qui s’empare des esprits ; les cœurs des femmes, touchés dans leurs points les plus sensibles, éclatent en cris, en larmes et en sanglots. Cette vie de servage et d’abnégation, peinte si poétiquement par la jeune épouse, c’est leur vie à elles ! Libres comme l’oiseau des bois tant qu’elles n’ont point passé à leur doigt l’anneau d’argent, entourées de tendres séductions, de cajoleuses paroles jusqu’au mariage, il faut qu’elles s’accoutument subitement au dédain, à l’obéissance muette. Le tendre tutoiement, employé encore la