Page:Souvestre - Les Derniers Bretons (tome 1), 1836.djvu/221

Cette page a été validée par deux contributeurs.
169
la bretagne et les bretons.

» Maintenant, je suis marié, maintenant embarras et chagrins !… Adieu ma jeunesse, la danse et tous mes plaisirs. »

Ce chant désolé ramène la gravité sur tous les fronts ; un long silence se fait, pendant lequel chaque homme repasse dans sa mémoire les insoucieuses années de sa vie de garçon, alors qu’il faisait aux jeunes filles de belles baguettes de pardon, à l’écorce artistement découpée ; que, joyeux, il pouvait dépenser au cabaret son dernier écu, sans crainte de trouver au retour des pleurs d’enfans et des reproches de femme. Puis les souvenirs des prix à la lutte, des jabadaos aux aires neuves, des promenades aux foires, et des petits pains blancs de Penzé ! Au lieu de tout cela, maintenant, le travail de quinze heures, le pain noir, l’habit de toile, la misère enfin !… non celle qui tue,