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les derniers bretons.

solennités joyeuses de la vie, bien plus que dans les tristes cérémonies, qu’il faut chercher le caractère de celui-ci : le deuil va mal à sa taille, et le chagrin à son visage ; il n’est lui que là où rit la fête, où coulent l’eau de feu[1] et le vin bleuâtre. Poétique et spirituel dans le plaisir, il est gauche et trivial dans la douleur : il semble que le Léonard et lui se soient partagé la vie ; à l’un les jeux et les fêtes, à l’autre les tristesses et les tombeaux. Aussi, lorsque vous visiterez le pays de Léon, demandez à voir une agonie ou un enterrement ; mais si vous parcourez les montagnes Noires, mêlez-vous à des fiançailles et à un repas de noce.

En Cornouaille, dès qu’un jeune homme

  1. Guin ardent, le vin de feu, c’est le nom donné par les Bretons à l’eau-de-vie.