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les derniers bretons.

ses sentimens au dehors en larmes ou en cris joyeux, sans rien de cette majesté grave qu’affecte l’homme du Léonais dans sa marche ferme et posée ; mais curieux, nigaud, flâneur comme l’écolier que rien ne presse et qui regarde partout ; il est pourtant sérieux dans sa haine et facile à pousser à la révolte ! chez lui, la lutte contre le bourgeois et le drapeau aux bandes de sang est une lutte vieille et acharnée. Il se rappelle encore avoir suivi la marche des bleus dans son pays, à la lueur des fermes incendiées. Insouciant et timide en apparence, il sent se réveiller facilement ses rancunes. Les souvenirs de 93 et de 1815 sont ensevelis dans son cœur, comme ces balles perdues au milieu des chairs, dont l’œil ne peut apercevoir la trace, mais qui éveillent fréquemment un ressentiment douloureux. Méfiez-vous de son apathie sournoise, de sa