Page:Souvestre - Les Derniers Bretons (tome 1), 1836.djvu/181

Cette page a été validée par deux contributeurs.
129
la bretagne et les bretons.

que du rivage ; mais Philopen pouvait-il comprendre d’où leur venait leur air inquiet et leur marche précipitée ? Les soldats traversaient souvent la plaine, parcourant les villages et fouillant les chaumières ; mais nul ne venait regarder dans sa cabane ouverte et vide. Une seule fois (c’était le matin), un homme s’y était précipité pâle et haletant : peu après des soldats avaient paru aux environs. L’inconnu avait écouté le bruit de leurs pas se perdre au loin, puis il était parti sans dire un mot. Cet homme était jeune et beau ; un enthousiasme céleste brillait dans ses grands yeux noirs, et Vergniaud avait dit de lui : — C’est un fou sublime, qui sera un homme de génie à trente ans ! Mais il n’eut jamais trente ans ! C’était le girondin Barbaroux.

Philopen vécut jusqu’à la vieillesse la plus