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la bretagne et les bretons.

sonne ne connaissait. À ses vêtemens on jugea que c’était une de ces mendiantes que l’on voit en Cornouaille, un grand bâton blanc à la main, le bissac au dos et les pieds nus, parcourir les chemins en demandant l’aumône ; espèces de Bohémiennes jetées dès l’enfance à cette existence vagabonde, ignorant le lieu de leur naissance, leur âge, leur nom de famille, couchant dans les granges, ou au creux des pierrières, et n’ayant à elles, sous le ciel, que l’air qu’elles respirent et la chanson qu’elles chantent au passant ! D’où venait-elle, comment avait-elle su apprivoiser le caractère sauvage de Philopen ? c’est ce que personne ne put jamais dire. Seulement, depuis ce jour, la mendiante ne quitta plus le sauvage de la baie ; soit que ces deux misères se fussent attirées l’une vers l’autre, soit que l’instinct seul eût accouplé le mâle à la femelle comme parmi les animaux.