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les derniers bretons.

œil suivait au loin le mouvement des flots avec ce balancement de tête que l’on remarque chez l’ours des mers glaciales.

Les pêcheurs cherchèrent souvent à l’approcher ; mais Philopen fuyait, craintif et farouche. Deux ou trois fois pourtant il se présenta aux luttes, et nul ne put lui résister. Yan-Bras, lui-même, vint pour le combattre ; mais Philopen ne fit que le serrer dans ses bras, et Yan-Bras, comme saisi entre les deux branches d’une tenaille de fer, laissa sa tête retomber en arrière, jeta un grand cri, ferma les yeux ; et, quand le sauvage rouvrit ses bras, le lutteur de Scaër tomba sur la terre raide et inanimé. Depuis ce jour nul n’osait approcher de la tanière de Philopen. Un matin cependant, on aperçut de loin, près de lui, sur la roche avancée qu’il fréquentait, une jeune fille que per-