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la bretagne et les bretons.

vaient appris d’autre langage que quelques cris aigus imités des oiseaux marins ; son corps noir et nu n’était abrité que par un manteau de toile goudronnée qui retombait de ses épaules. Quelques pierres recouvertes d’un toit de gazon le défendaient contre les vents du nord-ouest, et c’est là qu’il dormait sur un lit d’algues desséchées. Près de lui gisaient toutes ses richesses ; une cruche de terre, un fragment de chaudière et un croc de fer pour arracher les épaves à la vague. Aux beaux jours de calme, quand la baie, immobile et bleue, brillait comme un saphir dans son cadre doré de genêts fleuris, on l’apercevait parfois, debout sur quelque roche avancée, tristement appuyé sur son croc à naufrages, et son manteau goudronné flottant à la brise. On l’eût pris alors pour quelque dieu fantastique de la mer. Sa pose était fière et menaçante, et son