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les derniers bretons.

gardent, et qu’un prêtre accouru pour arrêter le pillage répète à demi-voix la prière des agonisans !…

Et qu’on ne pense pas que ces scènes soient peu fréquentes. Les naufrages sur ces côtes sont assez multipliés pour que certains pêcheurs en fassent une sorte de revenu annuel. Tout le monde se rappelle encore Philopen, le sauvage d’Audierne, qui n’eut jamais d’autre moyen d’existence, et que l’on voyait rôder sur les récifs, les jours de gros temps, comme un loup cervier autour d’un champ de bataille. Déposé, tout enfant, par l’équipage d’un navire étranger, sous le porche de l’église de Tréguernec, il avait grandi sur la grève, n’entendant d’autre voix que le mugissement des flots, ou parfois la brutale insulte d’un pâtre qui lui jetait une pierre en passant. Ses lèvres n’a-