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la bretagne et les bretons.

lorsqu’un navire est venu à la côte. Maintenant encore c’est un spectacle curieux que celui d’un naufrage de nuit dans ces baies. Au premier coup de canon de détresse ; au premier signal, hommes, femmes, enfans, se précipitent vers la mer avec des lanternes et des fascines allumées. On voit courir sur les grèves, descendre le long des promontoires, ces mille clartés qu’accompagnent des cris d’appel bizarres et terribles. Bientôt les fusils des douaniers brillent, les voix des pêcheurs et des pilotes s’élèvent au-dessus de l’orage, se renvoyant des avis ou des signaux, et, au milieu de cette confusion lugubre, passe le navire, rapide comme une flèche, avec sa haute mâture que plie le vent, ses larges voiles déchirées par la tempête, ses cris de désespoir, ses prières étouffées ; tandis que sur le cap, à la lueur des feux, mille visages ardens le re-