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les derniers bretons.

qu’à chaque pas de l’animal sa tête se baissait et se relevait : la lanterne, en suivant ce mouvement, pouvait être prise de loin pour le fanal d’un bâtiment agité par le tangage, et attirer ainsi sur des rochers des navires incertains de leur route. Ce cruel stratagème tourna souvent contre les marins du pays. Plus d’une fois la marée du matin apporta les cadavres des parens ou des amis de ceux-là mêmes qui avaient allumé la veille le feu fatal. La civilisation a fait disparaître ces horribles coutumes, mais sans détruire, parmi les populations côtières, la pensée que les débris des naufrages sont leur propriété. « La mer, dit le paysan kernewote dans son langage énergique, est comme une vache qui met bas pour nous ; ce qu’elle dépose sur son rivage nous appartient. » Aussi n’est-ce qu’avec le sabre et le mousquet que l’on peut empêcher le pillage