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les derniers bretons.

que les montagnards ; leurs habitudes et leurs superstitions se rapprochent davantage de celles du Léonard. Sur la côte de la Cornouaille, on retrouve encore les sombres traditions du naufrage et du cimetière, moins fréquentes, moins profondément fixées dans les âmes, peut-être, qu’au pays de Léon, mais aussi dramatiques dans leurs combinaisons.

C’est aux foyers des huttes de pêcheurs de la baie des Trépassés qu’il faut aller entendre ces récits bizarres. Là, vous apprendrez qu’au jour des Morts, la triste baie retentit de rumeurs plaintives. Alors, les âmes des naufragés s’élèvent sur le sommet de chaque vague, et on les voit courir à la lame comme une écume blanchâtre et fugitive : toutes celles dont les corps habitèrent le doux pays et eurent les flots pour linceul, se rassem-