Page:Souvestre - Les Derniers Bretons (tome 1), 1836.djvu/163

Cette page a été validée par deux contributeurs.
111
la bretagne et les bretons.

ne peut comparer à rien, si ce n’est au rugissement de plusieurs milliers de bêtes féroces sortant de quelque forêt profonde. En approchant de la Torche même[1], le spectacle change. Il n’y a plus rien de laissé à la rêverie, plus de mystérieux, C’est l’effroi qu’inspirent le bouleversement et le chaos ; ce sont les éclats de mille machines qui se brisent, de mille édifices qui s’écroulent, de mille bataillons qui crient et combattent ! C’est à devenir fou, à s’aller jeter la tête la première dans le gouffre ! Il semble que tout votre corps soit devenu un organe du son. L’atmosphère a quelque chose d’électrique qui ébranle ; le promontoire même, tremblant sous vos pieds, a je ne sais quelle propriété torpéfiante qui vous frappe au cerveau comme un marteau ; il

  1. On appelle la Torche le rocher avancé de Fenmarc’h, contre lequel la mer vient se briser.