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les derniers bretons.

de la tête du Cheval (Penmarc’h) présente un des plus effrayans tableaux que l’imagination puisse concevoir. En temps d’orage, les hurlemens des flots qui se brisent contre le roc sont si affreux, qu’on les entend même de Quimper, pendant la nuit. Je me rappelle, un soir, les avoir écoutés à cinq lieues de distance, penché sur le cou de mon cheval, et je n’oublierai jamais la solennelle et fatale majesté de ce grand murmure qui m’arrivait à travers l’espace. Le jour était tombé, la lune montait à l’horizon, mate, blanche, et trouée de taches sombres ; près de moi, la girouette rouillée d’une vieille chapelle criait sur son axe de fer ; une fresaie, tapie au creux d’un calvaire de carrefour, gloussait tristement, et, au milieu de tant de bruits et d’objets sinistres, la brise m’apportait par intervalles cet horrible bruissement du Penmarc’h, qu’on