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les derniers bretons.

traverser. Quelques pas plus avant, ce murmure s’étend, s’élève ; c’est alors une confusion bizarre de bruits étouffés et stridens, rauques ou doucement monotones. Ce sont les grincemens des poulies chargées, les rugissemens du plomb fondu qui bondit dans les chaudières, les hurlemens des machines ébranlées ; et dans les intervalles de tous ces éclats, le bruissement sourd et endormeur des eaux et des voix souterraines sortant de l’ouverture de chaque puits comme la rumeur éloignée d’un monde de fée ou de quelque cité ensevelie.

En continuant de suivre la grande route, vous arrivez à Carhaix, triste ville qui s’élève au bord d’une rivière immobile, telle que les guerres de la Ligue l’ont laissée, fangeuse, délabrée, noircie, toute lépreuse de misère et d’ignorance. Là vous trouvez