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les derniers bretons.

Pour la juger sous la première de ces formes et se faire une juste idée de son aridité, il faut voir, au milieu de l’été, ses longues routes blanches et raboteuses, courant aux flancs des montagnes Noires ou des chaînes de l’Arès ; ses troupeaux de moutons bruns semés sur les bruyères en fleurs, ses pâtres immobiles au sommet des rochers, jetant au vent leurs refrains, et son ciel gris qui vous envoie sa sèche et dévorante chaleur au fond de la poitrine et vous fait suer et râler comme aux dunes de nos colonies. La route de Morlaix à Pontivy, à travers les montagnes, est une des plus tristes et des plus fatigantes qu’il soit possible de parcourir. C’est partout une mer d’ajoncs, de genêts et de bruyères d’où s’élève à peine de temps en temps un îlot de verdure que protègent quelques arbres, et où se cache une chaumière, À droite, à gauche, devant, derrière,