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les derniers bretons.

que et triviale, adressant la parole à un jeune homme qui se trouvait devant lui :

— Bonjour à toi, Pierre, dit-il, bonjour à toi ; danse et ris, mon fils, te voilà à la place où l’on a trouvé, il y a deux ans, le corps noyé de ton frère.

Il continua sur le même ton, appelant chacun par son nom, remuant au cœur de tous les souvenirs les plus poignans et les détaillant avec un soin féroce. Cela dura long-temps et sans que cette raillerie incisive s’adoucît un seul instant. L’indignation, l’émotion, l’horreur, tordaient le cœur à entendre ces sarcasmes aiguisés comme des poignards, et qui fouillaient dans la vie de chacun pour y chercher une cicatrice à rouvrir. Enfin, quittant les personnalités,