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la bretagne et les bretons.

et sur la nécessité de fuir les plaisirs du monde, ne fut d’abord qu’une réminiscence assez plate de ce que nous avions entendu vingt fois dans les églises des campagnes. Mais, insensiblement, l’exaltation descendit en lui, et l’enthousiasme donna à sa parole une énergie qui nous subjugua nous-mêmes. C’étaient des images vives et poétiques, des apostrophes remuantes, une ironie aiguë, brutale, toujours portée la pointe au cœur et marquant comme un fer chaud. Il montra à la foule des danseurs la marée qui commençait à monter, et dont les grands flots allaient effacer les traces que leurs pieds avaient imprimées sur le sable ; il compara cette mer, qui grondait autour de leur joie comme une menace, à l’éternité murmurant sans cesse autour de leur vie un avertissement terrible. Puis, par une transition brus-