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les derniers bretons.

fou la précédait toujours, criant : Pénitence, pénitence ! Ces détails et beaucoup d’autres me revinrent à la mémoire, et j’éprouvai un intérêt de curiosité difficile à décrire quand eut retenti dans la foule le nom du fanatique de Guiclan. Aussi m’empressai-je de pénétrer jusqu’à l’endroit où il était. Nous l’aperçûmes bientôt, debout, sur les murs noircis d’une maison brûlée quelques années auparavant. C’était un homme grand, pâle et maigre. Ses cheveux couvraient ses épaules, et il roulait des yeux hagards sur la foule qui l’entourait. Ses gestes étaient fréquens et saccadés. Il secouait souvent la tête à la manière des bêtes féroces, et alors sa crinière noire qui voilait en partie son visage lui donnait une physionomie terrible. Sa voix mordante avait cette vibration timbrée ordinaire à l’accent breton. Son discours, qui roulait sur les dangers de la danse