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les derniers bretons.

se fit tout-à-coup un mouvement dans la foule : le hautbois se tut, et la danse s’arrêta. J’entendis circuler un nom qui me frappa, celui de Ioan, du Bourg Malade (Guiclan). On l’avait déjà prononcé devant moi la veille. Ce malheureux, devenu fou à la suite d’une retraite à Saint-Pol-de-Léon, où les sermons, l’isolement et son exaltation naturelle l’avaient jeté dans un délire fanatique, allait partout prêchant la mortification et la pénitence, et se jetant au travers des joies de la vie, comme un messager de mort. Une dame du pays nous avait raconté que cet homme étrange vivait depuis plusieurs années sans maison, sans amis, Sans famille. Il enseignait la parole de Dieu dans les bourgades, couchait aux pieds des croix de pierre qui s’élèvent aux carrefours des routes, ou sur le seuil des chapelles isolées ; ne recevait d’aumône que